Economie - Fiscalité

Compte-rendu Colloque "L'engagement des femmes Outre-mer : un levier clé du dynamisme économique" - 19 février 2019

La délégation sénatoriale aux outre-mer et la délégation sénatoriale des droits des femmes ont organisé un colloque intitulé « l’engagement des femmes outre-mer : un levier clé du dynamisme économique » faisant la part belle à la place de la femme dans la vie économique des départements ultra-marins.
 
Un panel de femme chef d’entreprise et des représentantes de la CPME des territoires ultramarins ont pris la parole dans le cadre des différentes tables rondes. Le Président du Sénat et les présidents des délégations se sont également exprimés à cette occasion.
 
Propos introductifs de Gérard Larcher
« A quelques jours de la journée internationale des droits des femmes, vous avez souhaité mettre en valeur la place de la femme dans le développement économique des territoires, et en particulier en outre-mer ».
 
Selon Gérard Larcher, cette initiative permet de nouer des partenariats avec les acteurs économiques locaux et de renforcer les liens de proximité avec le monde des entreprises. Cette approche territoriale est pertinente au regard des spécificités qui caractérisent les économies ultra-marines.
Concernant la valorisation des potentiels locaux. La promotion de l’entreprenariat féminin doit être envisagé tout particulièrement dans les territoires ultramarins en tant que levier de développement, de croissance, d’innovation, « mais aussi comme une source d’émancipation » affirme le Président.
Vos travaux dans l’entreprenariat démontrent l’influence des femmes dans le monde économique, et particulièrement en outre-mer. « Les femmes par leur dynamisme et par leur détermination sont devenues des acteurs incontournables » selon Gérard Larcher.
Il considère que l’entreprenariat féminin est une richesse pour l’économie française et les pouvoirs publics se doivent de « tout mettre en œuvre pour faciliter cette voie dès le parcours éducatif, mais aussi en renforçant l’accompagnement des créatrices d’entreprise ». Il souligne que le taux de refus au crédit par les femmes est deux fois plus élevé que pour les hommes selon l’Etude de la Fondation Entreprendre (2017). Selon le Président du Sénat, il s’agit d’« un problème structurel sur les projets en fonction de celle ou de celui qui les porte ».
 
Propos introductifs d’Annick Billon
 Au regard du parcours et du champ de compétence des intervenants de ce colloque, la sénatrice estime qu’aucun secteur n’est fermé aux femmes (BTP, science, viticole, etc.). « Les femmes ne doivent pas se freiner, ni s’interdire aucune ambition ». Cependant elle estime que des obstacles demeurent et que le parcours des femmes entrepreneurs peut être jalonné d’obstacle qu’ils s’agissent de la conciliation entre la maternité et les responsabilités professionnels ou les idées associés au leadership féminin.
« Nos combats sur le droit des femmes ne sauraient se gagner sans les hommes » souligne la Présidente de la Délégation des droites femmes, et remercie la présence de ses collègues masculins à ce colloque.
 
 
Gouvernance des chambres consulaires
Jennifer SEAGGE (Présidente CCI Nouvelle-Calédonie) 
Elle regrette que les femmes soient moins présentes que les hommes dans la gouvernance des entreprises, « alors que les statistiques démontrent qu’en Nouvelle Calédonie, elles sont davantage diplômées que les hommes ». Pourtant, il apparait qu’un changement de mentalité s’est opéré dans la société calédonienne grâce à un certain nombre de programme : le programme « 100 femmes leaders » et le programme de formation « cadre avenir » qui est destiné au rééquilibrage économique et social en Nouvelle Calédonie. Selon la Présidente de la CCI, l’ensemble de ces projets a eu un résultat positif puisqu’en 2017 le parcours « Créa Jeunes » de l’association de microcrédits a dit avoir compter 100% de jeunes femmes. Elle considère que les femmes sont plus à l’écoute et favorise la médiation et le consensus lorsqu’elles occupent postes à responsabilité dans les entreprises.
A l’instar des hommes, elle considère que les femmes doivent également constituer leur propre réseau pour l’échange d’information « car si on est isolé, il est très difficile de se faire sa place dans le monde de l’entreprenariat ».
 
 
Economie sociale et solidaire (ESS)
Djemila Hassani (Responsable stratégie régionale de l’économie sociale et solidaire – Chambre régionale de l’économie sociale et solidaire de Mayotte) 
« A Mayotte, l’ESS représente 280 entreprises, soit 14% des entreprises mahoraises qui génèrent 27% d’emplois et plus de la moitié de ces emplois sont occupés par des femmes » selon la responsable stratégie régionale de l’ESS à Mayotte.
Elle invite les sénateurs a mené une réflexion sur le sujet suivant : « le dynamisme économique de Mayotte porté par les femmes, sur un modèle ESS, génère-t-il de l’emploi paritaire ? ».
Depuis 2016, un outil a été mis en place pour accompagner les entreprises qui souhaitent se structurer, et en particulier en direction des femmes « qui subissent 42% du chômage ». Le 17 décembre 2018 un plan d’action régional a été signé en partenariat avec la Préfecture, le Conseil départemental et la Caisse des dépôts en faveur de l’entreprenariat au féminin. Elle souhaite appuyer cette démarche grâce aux outils, en cours d’élaboration, tels que l’accélérateur des entreprises de l’ESS et l’ouverture de pôle ESS qui selon D. Hassani, « permettront d’assurer un relais dans les communautés de communes ».  L’ensemble de ces outils vise à garantir le développement économique de Mayotte.
 
 
Le rôle des femmes dans les CPME d’outre-mer
Marie-France Thibus (Présidente de la CPME de la Guadeloupe) 
Le rôle et la place des femmes dans la vie économique et entrepreneuriale en Guadeloupe est en expansion.  La CPME souhaite faire naitre des vocations entrepreneuriales, et évoque la proportion et l’implantation des entreprises créées par des femmes en Guadeloupe (statistiques issues de la Chambre de commerce). Par ailleurs, elle souligne qu’en 2017, 1400 entreprises ont été créés par des femmes contre 1700 par les hommes. Selon elle, ces données confirment la volonté des femmes à s’investir davantage dans la vie économique de la Guadeloupe, et en particulier dans le secteur du commerce et des services.
Elle a analysé les forces et les faiblesses de l’entreprenariat au féminin en Guadeloupe. Concernant les faiblesses : les délais administratifs et financiers, et la conciliation de la vie familiale avec la vie entrepreneuriale des femmes. Les besoins exprimés par la Présidente de la CPME sont : les formations, les financements, la reconnaissance du statut et de la place de la femme entrepreneur dans la société économique.
 
Céline Rose (Présidente de la CPME de la Martinique) 
Sur la création des entreprises, 37% des femmes sont créatrices des entreprises avec une répartition éparse selon les secteurs : 52% pour les services aux particuliers et aux entreprises, 41% pour le secteur du commerce, transport, hébergement et restauration, 40% dans le secteur de l’industrie, et 16% dans le secteur du bâtiment et dans l’agriculture.
Sur l’organisation patronale de la Martinique : « la CPME et l’U2P sont représentés par une femme, mais pour le MEDEF il y a un travail à faire » selon la Présidente de la CPME.  Sur le territoire de Mayotte, il existe de nombreuses associations faisant la promotion de l’entreprenariat des femmes, en complément des actions menées par la CPME.
Le conseil d’administration de la CPME de Martinique est composé de 12 membres dont 7 membres sont des femmes, et 1/3 des entreprises adhérentes sont dirigés par des femmes.
 
Joëlle Prévot-Madère (Présidente de la CMPE de Guyane)
En Guyane, le pourcentage de femme en entreprise est légèrement inférieur à celui de la Martinique et de la Guadeloupe. « Le conseil d’administration de la CPME de Guyane est composé de 3 femmes sur les 12 membres qui le compose » selon la Présidente de la CPME de Guyane.